Quand on décide de cuisiner fait maison, c’est à dire uniquement avec des produits bruts, on va devoir très vite se poser la question de ce qui est brut et de ce qui ne l’est pas. Pour moi un produit brut est un produit de base, que l’on ne va pas forcément manger tel quel et qu’il faut transformer. Exemple : farine, beurre, œufs, fruits et légumes etc.
La première semaine du défi 100% fait maison a été relativement facile, les suivantes nettement moins. Les premières constatations que j’ai pu faire lors de cette première semaine du défi 100% fait maison, ont été de regarder à deux fois avant d’utiliser le contenu de mes placards.
Le défi 100% fait maison : la guerre des placards
Franchement, je pensais faire partie des bons élèves, chez moi pas de bonbons, plats cuisinés et autres cochonneries mais plutôt des produits dits « sains ». J’y ai repensé à deux fois en regardant au dos d’un paquet de cranberries séchées et composées à 35% de sucres ajoutés. Pour ce qui est de la cuisine maison, qu’en est-il de l’utilisation des cubes de bouillon déshydratés ? Et les sauces que l’on utilise sans même s’en rendre compte ? J’ai du faire une croix sur le dej sushi entre collègues, quel est l’intérêt de manger des sushis sans sauce soja ? L’autre question que je me pose concerne les soupes miso et la salade de choux. Elles ont toutes le même goût dans tous les restaurants japonais de Paris, je doute vraiment qu’elles soient faites maison. Trop compliqué de poser la question du fait maison aux restaurants japonais de manière systématique, au risque de passer pour une folle, j’ai préféré passer mon tour.
Revenons-en à la cuisine maison. Avez-vous remarqué à quel point les marques nous poussent à cuisiner toujours plus à base de produits transformés. Dès que vous achetez un produit industriel, on vous encourage à le cuisiner avec d’autres produits industriels. Des livres de recettes sont régulièrement édités pour vous inciter à cuisiner des fromages, pâtes à tartiner, surimis, charcuteries transformées etc. L’idée étant de vous faire faire de la cuisine d’assemblage. C’est simple, rapide, appétissant et accessible à tous. Honnêtement, ça me fait mal au cœur de passer du temps à cuisiner un plat ou un dessert sans savoir ce qu’il y a dedans.
Je ne suis pas du tout partisane de cette démarche qui nous pousse à toujours en faire moins et le pire c’est que vous avez l’impression de faire du fait maison ! En réalité vous ne faites que brider votre imagination et vous devenez un super client de l’industrie agroalimentaire en suivant scrupuleusement leurs recommandations et en leur achetant toujours plus de produits bourrés d’aditifs, de sel, sucre et graisses cachées.
Et sur le long terme, cette démarche nous entraine vers une standardisation et uniformisation des goûts. Moins nous habituons notre palais à goûter des aliments différents et plus nous l’habituons aux mêmes sensations. Pour l’éducation des enfants, la standardisation des goûts est absolument terrifiante. Nous ne leurs permettons pas de découvrir des saveurs, textures et cela les empêche de se forger leurs propres goûts et impressions.
Et dans les faits, comment s’est passé ce défi 60 jours fait maison ?
Dans l’ensemble il s’est bien passé, je suis ravie d’avoir mené cette expérience et je me suis rendue compte que manger du fait maison, frais et sain tous les jours n’est pas très compliqué à partir du moment ou cela devient une priorité.
Le matin vous pouvez manger des fruits frais, des céréales maison, du pain de la boulangerie, du beurre, des confitures, pâtes à tartiner maison etc. Le midi, il est très facile d’apporter son déjeuner fait maison au bureau et de le réchauffer. Et le soir, vous êtes chez vous, il suffit de préparer le diner et le tour est joué.
Les choses se compliquent nettement lorsque l’on se retrouve en société… Et c’est là que le bas blesse. En deux mois, j’ai été invitée à des apéros, je suis allée dîner chez des amis, au resto, bref, j’ai continué de vivre ! Dans la majorité des cas, j’ai réussi discrètement à ne mener à bien mon expérience sans me faire remarquer. Il a fallu oublier toutes les choses à grignoter servies à l’apéritif, les sodas… et les remplacer par des produits naturels et surtout non transformés : amandes, pistaches, vin, jus de fruits pressés…
Au restaurant les choses deviennent compliquées, impossible de savoir si les ingrédients qui composent un plat sont industriels ou non. Il faut faire confiance aux restaurateurs, aux labels et suivre son instinct. J’ai choisi attentivement les restaurants dans lesquels je me suis rendue pendant deux mois en fuyant les chaînes de restaurants et bon nombre de brasseries parisiennes qui ne m’inspiraient pas suffisamment confiance.
Ce qui est particulièrement pénible avec ce type de défi c’est que cela ne laisse plus aucune place à l’improvisation, aux envies de dernière minute, il faut tout anticiper. De son déjeuner en passant par le choix des sorties, impossible de suivre le groupe et de se dire « oh c’est pas grave, je les accompagne au resto et je ne mangerai rien… » j’ai essayé et justement j’ai raté ! Notre vie sociale passe par ces moments de partage, de relâchement de la pression qui s’accumule toute la journée. Je me suis auto maudite de m’infliger de telles contraintes qui finissaient par me faire culpabiliser de sortir et de passer des bons moments avec mes proches, ce qui était loin d’être l’objectif de départ.
Autre aspect négatif de ce challenge : être invitée à dîner chez des amis et se retrouver devant une cuisine d’assemblage cuisinée avec amour ! Que faire dans ce type de situation ? J’ai préféré faire profil bas et ne pas faire de vagues avec mon défi personnel. Je n’ai jamais voulu imposer mes choix à mon entourage. Quand quelqu’un cuisine un plat et qu’il vous invite à le partager c’est un vrai bonheur, inutile de venir gâcher ce moment tellement précieux.
Ce que cette expérience m’a appris :
Faire le choix de mon alimentation :
Il va de soi qu’une fois ce challenge terminé j’ai continué à garder les bonnes habitudes que j’avais prises pendant deux mois. Je continue de cuisiner des produits bruts qui apportent des bonnes calories et à fuir les mauvaises graisses et sucres cachés dans le produits industriels mais hors de question d’en faire une obsession ! Eat clean live wild.
Parmi mes nouvelles bonnes habitudes je privilégie les farines complètes et le pain au levain. J’essaie de remplacer les matières grasses traditionnelles par des substituts naturels comme l’avocat, les fruits secs, le beurre cru… Je ne consomme quasiment plus de sodas, surtout lights… Chacun sa vision et chacun fait le choix de son alimentation, le tout étant de respecter son corps et ses envies.
Mieux choisir les ingrédients :
Manger sainement ne coûte pas plus cher si l’on privilégie le fait maison et les produits de saison. Privilégiez les produits naturels, exempts de conservateurs, d’exhausteurs de goûts pour retrouver le goût des produits. Cuisiner un plat avec des bons produits est finalement facile et rapide. Le tout étant de faire simple.
Relativiser :
Manger un plat industriel n’est pas mauvais pour la santé si ça n’est pas tous les jours. J’ai beaucoup aimé la vision de Marie Victoire la fondatrice de Bojus qui préfère ajouter des bonnes choses à son alimentation quotidienne plutôt que d’enlever des mauvaises. A partir du moment où on consomme et s’alimente en pleine conscience c’est déjà un très grand pas.
Prendre sur moi :
Si il y a bien une chose dont je me suis rendue compte pendant cette période c’est que notre société est ravagée par l’industrialisation de l’alimentation. Soit. Or, les consommateurs cherchent de plus en plus à revenir à une alimentation saine et raisonnée. Pas tous les jours, pas tout le temps mais en ont-ils la possibilité ?
Ce qui m’a révoltée c’est le mal que se donnent certains artisans, restaurateurs, à nous faire croire qu’ils nous donnent des produits artisanaux alors qu’ils sont conçus en usines, surgelés et décongelés pour la plupart. La très belle rencontre avec Anthony Bosson des boulangeries L’Essentiel m’a encore confirmé que les artisans n’avaient que l’embarras du choix pour utiliser des produits bourrés d’aditifs dont on ne connaît pas les effets pour notre santé sur le long terme.
Je suis tout à fait capable de comprendre que l’on ne puisse pas toujours servir des plats et produits entièrement faits maison mais pas que l’on essaye de tromper les consommateurs.
Transmettre :
J’ai créé My Beautiful Dinner pour donner envie de cuisiner, quel que soit son niveau en cuisine, nous sommes tous capables de réaliser de très belles choses à partir du moment ou l’envie est là.
L’envie se cultive, comme l’amour, cela passe par des idées, des ingrédients originaux, des techniques différentes, des rencontres, des associations etc.
Ce challenge personnel aura eu le mérite de me rappeler que j’avais fait le bon choix. Un blog demande du temps, de l’investissement personnel, du recul mais quand je vois que vous êtes plus nombreux chaque mois à suivre mes nouvelles recettes et découvertes. D’abord je n’en reviens toujours pas et ensuite je me dis que ce temps est précieux car il vous est utile. Merci mille fois de votre fidélité et de l’intérêt que vous trouvez pour My Beautiful Dinner ☺
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